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Quel positionnement pour la CFDT?

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Quel positionnement pour la CFDT? Empty Quel positionnement pour la CFDT?

Message par Christine RODRIGUEZ Mar 5 Juin - 9:23

E MONDE | 02.06.2018 à 10h08 • Mis à jour le 02.06.2018 à 10h11 |
Par Sarah Belouezzane et Raphaëlle Besse Desmoulières

Les murs lambrissés de bois des salons privés de la brasserie parisienne Chez Jenny résonnent des rires des journalistes présents, jeudi 31 mai, aux rencontres de l’AJIS (Association des journalistes de l’information sociale). Laurent Berger vient de lâcher une petite plaisanterie bien sentie sur les relations qu’il entretient en ce moment avec le gouvernement. « Je ne suis pas draguable », a lancé le secrétaire général de la CFDT. Voilà pour ceux qui se demandent si un réchauffement est en cours entre la majorité et le dirigeant du premier syndicat dans le privé, qui vient de rencontrer en l’espace de quelques jours le président de la République puis les députés de La République en marche (LRM).

Car, le moins que l’on puisse dire, c’est que le patron de la CFDT, qui s’apprête à rempiler pour un troisième mandat à la tête de la confédération, n’est pas courtisé par le nouveau pouvoir. Loin de là. Depuis l’arrivée aux manettes d’Emmanuel Macron, la centrale de Belleville, à Paris, parvient tout juste à limiter les dégâts sans réussir à marquer des points. Chouchoutée sous l’ère Hollande, elle a perdu sa position de partenaire privilégié avec un chef de l’Etat qui avait annoncé la couleur dès la campagne présidentielle : pour lui, la place des syndicats est dans l’entreprise et pas sur la scène politique nationale.

Chemin de crête périlleux

A la veille du 49e congrès de la CFDT, qui se tient du 4 au 8 juin à Rennes, Laurent Berger ne cache plus son mécontentement. Depuis quelques semaines, le numéro un de la confédération multiplie les mises en garde dans les médias. Que ce soit sur la méthode ou sur le fond, pour lui, le compte n’y est pas. A tel point de confier récemment à un proche : « La confiance est rompue. »
Ses critiques publiques sont toutefois savamment dosées. Car basculer dans une opposition franche comme son nouvel homologue de Force ouvrière, Pascal Pavageau, ou Philippe Martinez, de la CGT, Laurent Berger ne le veut surtout pas. Un chemin de crête de plus en plus périlleux pour le syndicaliste réformiste.
D’un côté, un gouvernement qui ne l’écoute pas mais avec lequel il ne peut pas rompre, et de l’autre des militants cédétistes perplexes devant une politique économique et sociale jugée de plus en plus libérale.
« On vit une période difficile pour notre type de syndicalisme avec une négation des corps intermédiaires d’un côté et une montée des radicalités de l’autre, souligne M. Berger auprès du Monde. On est encore écoutés car on est craints mais si on fait de “l’anti-Macron”, nous n’aurons plus les moyens de peser. »
Pourtant les sujets de tensions ne manquent pas, qui pourraient compliquer encore les rapports entre MM. Berger et Macron.
Il y a d’abord eu les ordonnances sur le droit du travail, bien sûr. Favorable à nombre de mesures, la CFDT, qui avait soutenu la loi travail de François Hollande en 2016, a été contrariée, un an plus tard, de découvrir à la dernière minute des dispositifs auxquels elle était hostile comme la rupture conventionnelle collective. Réduction des contrats aidés, suppression de l’ISF, baisse des APL… les mauvaises nouvelles n’ont cessé de s’accumuler depuis. La réforme en cours de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’assurance-chômage n’arrange rien, surtout quand Muriel Pénicaud critique vertement l’accord trouvé par les partenaires sociaux, quelques heures à peine après sa signature. Plus récemment, ce sont les sorties de plusieurs ministres sur une possible remise en cause des aides sociales qui ont énervé M. Berger, qui se dit « très préoccupé ». D’autant que les propositions chères à la CFDT, comme la place des administrateurs salariés dans les conseils d’administration, tardent à être reprises par le gouvernement.

Côté exécutif, d’aucuns font remonter la fracture à l’époque où M. Macron était ministre de l’économie. Désireux d’introduire le plafonnement des indemnités prud’homales dans la loi El Khomri, l’ancien inspecteur des finances aurait moyennement goûté que cette disposition disparaisse du projet de loi après intervention de la CFDT. Plus récemment, c’est une interview de Laurent Berger dans L’Obs qui aurait, selon un proche, « crispé » le président de la République. Dans l’hebdomadaire, qui présentait en couverture Emmanuel Macron derrière des barbelés, le leader syndical critiquait ouvertement la politique migratoire mise en œuvre. Quelques jours plus tard, il réitérait, en cosignant une tribune sur le même sujet dans Le Monde.

Des militants remontés

« Il y a eu un raidissement des deux côtés à ce moment-là », analyse un proche du chef de l’Etat. Une source au sein du gouvernement juge, pour sa part, « qu’il faut apaiser le dialogue avec Laurent Berger, le débat public a besoin de la CFDT. Pour autant, ça fait des années que nous sommes dans une logique de cogestion et ce n’est plus possible, ça ne fait pas avancer les choses ». En clair, l’exécutif, qui souhaite réformer rapidement, estime qu’il n’a plus besoin de ce partenaire pour mener à bien ses grands chantiers sociaux. Une stratégie risquée, pour l’ancien premier ministre Manuel Valls : « Qu’ils veuillent aller vite, ça s’entend, mais ça se deale aussi avec les partenaires sociaux. Sinon, ils risquent de se retrouver seuls face au peuple », estime le député de l’Essonne.
A Matignon, on nuance : « La CFDT est un interlocuteur que nous respectons, qui est réformiste de longue date, mais ça ne veut pas dire que nous sommes d’accord sur tout. Pour autant, à chaque fois que nous en avons l’occasion, nous prenons en compte leurs propositions. » C’est d’ailleurs ainsi qu’au sommet de l’Etat, on espère sortir la CFDT du conflit à la SNCF – sujet sur lequel M. Berger a été particulièrement virulent.

« Berger est dans l’impasse, analyse un bon connaisseur du syndicat. Toute sa stratégie repose sur ceux qui veulent bien l’écouter, que ce soit du côté du gouvernement ou du patronat. Or il ne se passe rien. A peu de frais, l’exécutif pourrait leur laisser des portes ouvertes. » Difficulté supplémentaire pour le patron de la confédération : le changement de stratégie qui a accompagné le changement de tête à Force ouvrière. « La bascule de FO ne va pas lui simplifier la tâche, reconnaît l’ancien dirigeant du syndicat Jean-Claude Mailly. Quand on est deux à dire des choses, c’est plus efficace. S’il se retrouve seul, ça pose problème. »
Même si la CFDT est une maison bien tenue, Laurent Berger devra assumer à Rennes ce positionnement compliqué devant des militants remontés. « Au congrès, ça ne nous fera pas dévier de notre ligne réformiste même s’il faut aller au débat, tranche-t-il. Si on bouge de notre ligne, on est morts. »
Christine RODRIGUEZ
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